« Tom et Louise et les hurlants de la rue Edmond Rostand » Tome 1 et tome 2.
Chez Michelle Brun, on ne traîne pas. Dès les premières lignes, le décor, les personnages, les lieux sont plantés. « Tom et Louise , mère et fils ont emménagé à la mi-février dans un appartement du quartier Nord de Toulouse, rue Edmond Rostand ». Mère et fils vont avoir affaire à un couple hurlant dans l’appartement sept.
La fiction de Michelle Brun va suivre la vie de cette mère (Louise) et de son fils (Tom). Ce sont les imprévus de leurs vies qui vont donner le rythme à cette fiction condensée en 2 petits tomes et la rendre originale. Ces imprévus demandent à être constamment surmontés. D’abord par l’écriture qui les rapporte. Une écriture qui est comme une nécessité mais d’une nécessité discrète, jamais ostentatoire.
Toute l’écriture de Michelle Brun est obsédée par ce rythme de vie non choisi mais subi. La matrice autour de laquelle tout tourne reste la présence, l’omniprésence (dans le Réel et dans l’imaginaire de Louise) de ce couple qui occupe cet appartement où pleure trop souvent une enfant et où jappe sur le balcon un chien aussi bien le jour que la nuit.
La fiction ne fait pas qu’énumérer les choses qui arrivent. Il ne s’agit pas d’un inventaire. L’écriture de Michelle Brun met en scène la vie quotidienne, choisit de trier les « événements » pour permettre d’adoucir et de supporter la fureur des ces « hurlants ». Nous, lecteurs, sommes souvent effarés devant cette accumulation d’horreurs. Nous sommes comme dans un Opéra maléfique où les scènes et les actes se succèdent sans espoir que cette situation s’améliore.
Il est cependant des espaces de respiration, interstices qui rendent la vie supportable. On devine la joie derrière une amie qui promène son chien au Parc, derrière une visite de Maxime sa fille, derrière un anniversaire, derrière la rencontre avec un voisin agréable. Tous ces moments s’accompagnent d’une chanson, d’un refrain, d’un concert d’Indochine, d’un film ou d’une émission de télévision. Petits bonheurs que Michelle Brun décrit à la va-vite mais qui ont leur importance dans la fiction.
Ainsi la tonalité du livre demeure vivante, non-désespérée. Car c’est bien la force de Louise (Michelle ?) que de rester debout, de ne pas souvent fléchir, de continuer de prêter attention à l’autre – même quand la mère de Tom continue de s’interroger sur le sens de cette haine que les voisins vouent au monde entier.
On comprend alors que ce n’est pas seulement la fiction qui suit la vie de Louise mais aussi – en sens inverse – c’est la vie qui alimente la fiction. Tous ces allers-retours rendent ce cycle à la fois infernal et tendre : cycle finalement humain, trop humain qui emmène le lecteur et la lectrice à être en empathie, toujours du côté de Louise et de son fils Tom.
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