J’avais évoqué ici, en mars 2021, un étonnant petit roman de Michelle Brun, La Providence, et voilà qu’elle a la gentillesse de m’adresser son épatant dernier opuscule : Tom et Louise et les hurlants de la rue Edmond Rostand*.
Ce
qui, immédiatement, et dès la couverture, m’a fasciné dans le titre,
c’est cet adjectif dont on ne sait pas s’il renvoie à un texte
fantastique aux curiosités du dix-neuvième siècle et leurs auteurs —
Poe, Brontë —, ou à une bête, un monstre, un fantôme, jusqu’à ce qu’on
découvre, et c’est bien pire, qu’il définit des voisins. Des
salopiauds de voisins. Ceux de l’appartement 7, capables d’attacher et
de laisser crever leur clébard sur le balconnet, crier le chiard, jeter
leurs immondices par les fenêtres, injurier, menacer, frapper, casser,
hurler et terroriser tout un petit immeuble (dont les émouvants Tom et
Louise), cette petite communauté aimable et désemparée dont les appels
répétés au secours auprès du syndic, de la police et de la mairie
restent lettres mortes. Et le resteront longtemps.
Je ne sais pas dans quel contexte Michelle Brun a écrit cette histoire (en deux petits tomes, comme le Tom
du titre), mais il faut reconnaître qu’elle fait un glaçant écho à la
situation actuelle dans bien des immeubles de cités et souligne, s’il en
était encore besoin, l’illusionnisme de l’utopie de la Cité Radieuse et
le triomphe de la bêtise (bêtise comme bête, bête comme aveuglement,
aveuglement comme politicien) : celle qui consiste à se coucher devant
un seul hurlant plutôt que de protéger, et donc d’aimer, l’immense masse des silencieux.
*Il semblerait que tout récemment, not’bon président préfère que l’on utilise l’expression « Faire nation ». Bon, si ça lui fait plaisir.
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